« Le simple fait de se dire : j’ai mangé ça, c’est pas sain, c’est pas bon pour moi, ça va déjà influencer ton esprit puis ton corps. C’est ce qu’on appelle le psychosomatique, quand le mental va produire une réaction physique. Un peu comme le déni de grossesse où l’on est tellement persuadé de ne pas être enceinte, que le corps ne manifeste aucun symptôme physique de grossesse. »
Quand j’ai commencé Cheminements, mes invités me parlaient souvent d’une pathologie, d’un problème de santé en particulier, ou même de santé physique d’une part ou mentale de l’autre. Et de plus en plus, les témoignages évoluent. Et je remarque qu’ils tendent tous vers une seule et même conclusion : le fait qu’il n’y a pas, d’un côté, le corps qui a mal et qui souffre et de l’autre l’esprit qui l’ignore. En fait, tout est connecté, tout est lié. Le docteur en neuroscience, Albert Moukheiber, le dit dans une de ses interviews : pendant longtemps, on a séparé le corps de l’esprit, à tort. Aujourd’hui, on se rend compte à quel point ils travaillent ensemble.
Avant de vous laisser écouter les aventures de Marina, car vous verrez, son histoire est un véritable parcours de la combattante, je voudrais vous inviter à écouter son podcast A votre Pleine Santé, et vous préciser qu’en plus d’être podcasteuse elle est aussi créatrice de super contenus sur Instagram, et également naturopathe et conseillère en nutrition certifiée. Sa spécialité, c’est l’alimentation bienveillante, c’est-à-dire saine, simple et savoureuse. Mais avant d’en arriver là, le chemin a été long, et malheureusement, douloureux.
Je suis Marguerite de Rodellec, bienvenue dans Cheminements.
Bonjour, je m’appelle Marina et je passe le cap des 30 ans dans quelques jours. Je suis mariée depuis 7 ans, et maman de deux chats, Baloo et Mowgli, depuis 6 ans. J’aime le sucré salé ce qui reflète assez bien ma personnalité car je suis de nature douce mais je ne me laisse pas faire et je peux avoir un sacré caractère digne de mes origines italiennes. Et enfin, je suis fan de détectives privés et d’enquêtes, et vous allez comprendre pourquoi c’est important dans quelques minutes…
Dans cet épisode je vais vous parler d’alimentation mais aussi de santé mentale, qui font partie de mes spécialités dans mon métier de naturopathe et conseillère en nutrition.
Mon cheminement a commencé à environ 19 ans, avec l'apparition de la boulimie, suite à une période très compliquée, qui a fait que mon rapport avec l'alimentation se dégradait. En effet, ces crises nocturnes (le plus souvent) me servaient à combler ce manque profond en moi, mais je devais compenser par énormément d'activité physique à côté, car à chaque crise je culpabilisais, évidemment. Puis, progressivement, les troubles digestifs ont commencé à s'installer eux-aussi. Tout d'abord un ulcère gastrique, puis une infection bactérienne intestinale avec une hospitalisation, puis des allers-retours aux urgences, ainsi que chez des médecins. Résultat au bout de plusieurs spécialistes consultés ? Ils m'ont diagnostiqué une candidose (prolifération d'un champignon naturellement présent en petite quantité dans le microbiote), un SIBO, de multiples hypersensibilités alimentaires, une inflammation généralisée du système digestif et un syndrome de l'intestin irritable. Ils m'ont donc fait prendre de multiples médicaments à répétition qui n'arrangeaient pas mon état, sachant que j'avais déjà la vitalité d'une personne de 80 ans. Puis finalement, ils ont fini par me dire qu'ils ne savaient pas quoi faire avec moi vu que les soins classiques ne fonctionnaient pas. Tu te doutes bien que j'étais complètement désespérée, je ne savais plus quoi faire mais je n'étais pas prête à abandonner pour autant (ça c'est mon côté Buffy la battante qui lâche rien quelle que soit la difficulté ).
C'est comme ça que j'ai découvert la Naturopathie et que j'ai commencé à avoir une lueur d'espoir pour retrouver une vie normale en cherchant réellement la cause de mes soucis, et c'est là que ma passion pour les enquêtes entre en jeu. J'ai donc commencé mes études de Naturo et en parallèle j'ai consulté plusieurs naturopathes et spécialistes pour m'aider à me libérer de mes troubles qui s'intensifiaient progressivement (acné sévère, fatigue chronique, perte de vitalité, endométriose et digestion catastrophique). J’ai dû radicalement changer toute mon alimentation en croisant différents régimes alimentaires. J'ai commencé par suivre le régime Seignalet, puis le régime GAPS, puis le régime anti-candida (où toute forme de sucre y compris les féculents sont éliminés car en théorie cela aggraverait la candidose) couplé au régime sans fodmaps, c'est à dire sans aliments fermentescibles. Fini les céréales, les légumineuses, les produits laitiers, les œufs, les fruits, les oléagineux, et même certains légumes. Vous imaginez le tableau ? En résumé, je ne pouvais manger que quelques rares légumes, du poisson sauvage et de l'huile d'olive. Le comble pour moi qui suis une grande gourmande, et qui aime par-dessus tout me faire de bons plats réconfortants ! Je me retrouvais souvent avec mes amis, dans des situations où je ne pouvais rien manger. Et je vous assure que c’est très handicapant. En plus, il y a un côté physiologique qui est super important : pour carburer, on a besoin de glucides. Finalement, en quelques mois, j'ai perdu plus de 10kg, sachant que je n'étais déjà pas épaisse, j'ai fini avec une dépression nerveuse sévère, un nouveau trouble du comportement alimentaire (l'orthorexie) car j’étais obnubilée par ce que je mangeais, c’était impossible pour moi de faire des écarts, ma vie sociale était détruite et surtout, je n'avais aucune guérison à la clef. Je décide donc de reprendre ma vie en main.
En fait, je me rends compte que même quand j’applique toutes les solutions données par les spécialistes, je ne vais pas mieux. On a tendance à utiliser des types d’alimentation spécifique en guise de pansement, comme une solution miracle. Mais ce n’est pas ça la guérison pour moi, ce n’est pas une vie que de ne rien manger, d’être pas bien psychologiquement juste pour éviter des douleurs sans pour autant les guérir véritablement, car le fait de cacher des symptômes, de les oublier, met le corps en sourdine et donc cela nous empêche de continuer à chercher et faire ce qu’il faut pour le soigner. Donc je décide de mener ma propre enquête pour trouver un moyen de guérir, en allant chercher plus loin que ce que j'apprenais à travers mes études ou ce que les naturopathes me disaient. Et à ce moment-là, j'ai compris que ma guérison ne passera pas par un régime strict et frustrant où je ne peux rien manger. Je veux changer de perspective et comprendre pourquoi je vais mal. Alors dans un premier temps, je me dit : “si je comprends ce qu’il se passe, si j’arrête de lutter contre mon propre corps, de lui infliger des régimes alimentaires intenables, que je tente de l’aider, de le comprendre, mon état psychologique pourra certainement s’améliorer et donc j’irai déjà mieux.” J'ai expérimenté, en devenant ma première cliente, et en multipliant les lectures des articles et recherches anglophones ainsi que des écrits des autres médecines ancestrales, et c'est ainsi que j'ai pu comprendre les vraies causes de mes soucis de santé. Je recommence donc progressivement à re manger de tout. Au début c’est un peu compliqué car j’ai des petites allergies qui se sont créées à force de ne plus avoir l'habitude de manger d'autres aliments. Sauf qu'en parallèle je travaillais sur mon mémoire de naturopathie en lien avec ces problématiques digestives, et c'est ainsi que j'ai pu y remédier en créant mon propre protocole et en mettant en place une alimentation bienveillante, sans prise de tête et où les écarts ne sont pas interdits. Ça m'a permis de me libérer de l'orthorexie qui me touchait depuis ces multiples régimes restrictifs.
Je me souviendrai toujours de ce souvenir, quelques semaines avant mon examen de naturo lorsque j'étais en vacances en Turquie. Je mangeais tout ce que je voulais, tout ce qui me donnait envie, sans aucune prise de tête, comme une personne normale tout simplement. Et en l'espace de quelques jours à peine, ma peau était redevenue hyper nette alors que j’avais de l'acné à ce moment-là, et surtout je n'avais aucun souci digestif, pas de douleur rien ! Qu'est-ce qui avait changé alors que pourtant j'avais une alimentation beaucoup plus stricte toute l'année ? Et bien j'étais totalement détendue, je profitais à fond des vacances en famille, je n'avais aucun stress. Et c’est là que ça m’a fait tilt, et que j'ai compris l'impact de l'axe émotionnel et psychique sur la santé. En effet, le stress chronique, la détresse émotionnelle et la frustration auront beaucoup plus d’effets néfastes sur mon corps qu'une alimentation imparfaite. Petit à petit j’ai accordé de plus en plus d’importance à la santé mentale, sans négliger l’alimentation et l'aspect physiologique/physique bien entendu. C’est comme ça que j’ai mis en place l'alimentation bienveillante : se faire plaisir tout en se faisant du bien, ce qui est indispensable pour notre bien-être, notre santé et notre vie sociale.
Ce que je retiens de tout ça, c’est que l’alimentation parfaite n’existe pas. On a besoin de vivre, de profiter et ça passe forcément par faire des écarts de temps en temps. Ce qui n’est pas une mauvaise chose pour la santé car ça va challenger un peu le corps et le sortir de sa zone de confort. Parce que oui, si tu suis un régime alimentaire super strict, et bien le jour où tu fais ne serait-ce qu’un mini écart ton corps risque de réagir violemment et tu pourras finir avec une indigestion voire d’autres symptômes pas très cool. Le simple fait de se dire : « j’ai mangé ça, c’est pas sain, c’est pas bon pour moi », ça va déjà influencer ton esprit puis ton corps. C’est ce qu’on appelle le psychosomatique, quand le mental va produire une réaction physique. Un peu comme le déni de grossesse où l’on est tellement persuadé de ne pas être enceinte, que le corps de manifeste aucun symptôme physique de grossesse.
Pour éviter de tomber dans une alimentation stricte et frustrante, j’aime beaucoup la règle des 80/20. 80% du temps on mange sainement tout en se faisant plaisir évidemment, et 20% du temps on se laisse tranquille et on profite simplement, sans prise de tête ! Donc une à deux fois par semaine, on peut très bien se faire un bon resto, une glace bien gourmande n’importe, on s’en fiche ! Et pareil pour les quelques semaines de vacances, on profite car l’essentiel pour notre santé, c’est ce qu’on mange tout le reste de l’année. Ainsi on prend soin de notre santé physique ET mentale, ce qui est très important car ça nous permet d’arriver à un équilibre. Parce que dans la vie il y’a des hauts et des bas, et bien, avec l’alimentation c’est la même chose, ce n’est jamais parfait, jamais linéaire.
Pour conclure, je dirais que la beauté de la médecine holistique, c’est que chacun a sa spécialité, chaque thérapeute a son rôle à jouer et qu’il est important de prendre en considération autant l’aspect psychique que l’aspect physique, dans la santé. En tant que Naturopathe par exemple, même si je me forme à la médecine psychosomatique, je ne suis absolument pas qualifiée pour le travail psychologique. C’est pourquoi j’invite systématiquement mes clientes à faire ce travail avec un professionnel, en parallèle afin qu’elles puissent agir sur tous les axes sans exception pour se libérer et enfin s’épanouir. Merci infiniment de m’avoir écoutée.
Je suis l'animatrice de Cheminements et la présidente de MedShake Studio, studio de création de podcast spécialisé dans la santé.